Photo by GEF/UNEP
02 May 2024 Récit Nature Action

Au Cameroun, les efforts de restauration menés par les communautés portent leurs fruits

Photo by GEF/UNEP

Les forêts de la chefferie de Bamougoum, sur les hauts plateaux de l'ouest du Cameroun, sont des lieux sacrés depuis des générations. 

Réputés pour leur beauté naturelle et leur riche biodiversité, ces paysages abritent également des animaux sauvages, notamment des grands singes, des civettes et des pangolins.  

Cependant, des décennies de déforestation, de pratiques agricoles non durables et d'expansion de l'agriculture menacent la survie de ces forêts et des espèces qui y vivent.  
 
Ces bouleversements ont également un coût pour les résidents locaux, en particulier les femmes et les jeunes, dont 80 % dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance

"A partir du moment où une section de la forêt sacrée est attaquée, le chef ne peut dormir en paix", explique Moumbe Fotso Mitterand, chef de la chefferie de Bamougoum. "Il ne peut avoir l'esprit tranquille, car son premier devoir est de préserver cette forêt sacrée.

Historiquement, ces forêts étaient protégées par le droit coutumier en tant que sites sacrés pour les rituels traditionnels. Cependant, la croissance démographique et l'absence de règles de gestion durable des terres ont mis à l'épreuve la force des lois coutumières. 

"L'agriculture intensive et l'utilisation excessive de pesticides ont endommagé les sols et pollué les cours d'eau voisins", explique Jacques Waouo, responsable de l'équipe de Rainforest Alliance dans les Hauts plateaux de l'Ouest du Cameroun. "60 % des forêts sacrées ont disparu au cours des 30 dernières années. Aujourd'hui, il ne reste plus que de petites poches d'arbres au milieu des exploitations de café, de maïs et de haricots".  

Les défenseurs de l'environnement estiment que le Cameroun doit protéger 7 600 hectares de terres dans les régions du mont Bamboutos et du mont Bana-Banganté-Bangou.

Pour contribuer à la réalisation de ce plan ambitieux, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) se sont associés à l'organisation à but non lucratif Rainforest Alliance et au ministère camerounais de l'environnement, de la protection de la nature et du développement durable, entre autres, dans le cadre de deux projets de conservation des forêts.  

Le projet "Faire Progresser les Droits des Femmes par la Gestion Communautaire du Paysage des Monts Bamboutos" et son projet jumeau "Promouvoir la Gestion Communautaire des Paysages au Cameroun" visent à renforcer les droits économiques et sociaux des femmes et des jeunes par la promotion d'une gestion durable et communautaire des terres. 

La perte de la nature, les conflits civils et le changement climatique affectent également de manière disproportionnée les femmes et les filles, qui disposent de moins de ressources pour s'adapter à l'évolution des conditions. L'inégalité entre les sexes signifie que, bien que les femmes du Cameroun jouent un rôle clé dans les cultures, l'élevage et la transformation des produits forestiers, elles se voient souvent refuser l'égalité d'accès à l'éducation, au financement, aux droits fonciers et à la formation en matière de pratiques de gestion durable des terres.  

Pour remédier à ce problème, les deux projets s'efforcent de faire en sorte que les femmes aient les mêmes possibilités de leadership dans la gestion des terres et un meilleur accès aux opportunités économiques. En les formant à la transformation des produits forestiers non ligneux en produits tels que le savon et l'huile d'avocat, les projets visent à encourager les femmes de la région à devenir financièrement indépendantes tout en acquérant les compétences nécessaires pour devenir de meilleures gardiennes des forêts dont dépendent leurs moyens de subsistance.  

"Les femmes sont l'épine dorsale de la société", explique Fomado Virginie, qui enseigne les pratiques agricoles durables. "Nous devons apprendre aux femmes comment conserver les forêts afin qu'elles puissent tirer des revenus des produits qui en sont issus."

Woman showcases products made from the forest. GEF/UNEP 
Une femme présente des produits issus de la forêt. Photo par GEF/UNEP 

Les projets soutenus par le PNUE bénéficient à plus de 3 000 personnes, dont 1 500 femmes et jeunes. Nombre d'entre elles sont impliquées dans des entreprises locales dirigées par des femmes qui transforment des produits agricoles et forestiers ou des biocarburants renouvelables. 

Un autre objectif majeur de ces projets est de renforcer le statut de protection juridique des zones clés pour la biodiversité. Quelque 7 600 hectares de terres riches en biodiversité ont été marqués pour être protégés dans les Hauts plateaux de l'Ouest et la région Sud.  

L'espoir est qu'au fil du temps, les communautés forestières et agricoles développeront des alternatives pour une utilisation durable du paysage qui réduira la pression sur les ressources naturelles dans l'ensemble de la région, couvrant une zone cible de 53 000 hectares. 

Les projets font partie des investissements en cours mobilisés par le PNUE par l'intermédiaire du FEM et d'autres donateurs, pour promouvoir la protection et la gestion durable des forêts du bassin du Congo.  

S'étendant sur 530 millions d'hectares dans six pays, le bassin du Congo absorbe près de 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an, constituant ainsi l'un des plus grands puits de carbone au monde. Le bassin abrite également 70 % de la couverture forestière de l'Afrique et une espèce sur cinq de la planète.

La restauration des terres est un élément clé du thème de la Journée mondiale de l'environnement de cette année, le 5 juin. C'est l'un des principaux moyens d'apporter des solutions naturelles à l'insécurité alimentaire, à l'atténuation du changement climatique et à l'adaptation à celui-ci, ainsi qu'à l'appauvrissement de la biodiversité. 

Quelque 3,2 milliards de personnes, soit 40 % de la population mondiale, sont touchées par la dégradation des sols. Les personnes les plus durement touchées sont aussi celles qui sont les moins bien équipées pour y faire face : les communautés rurales, les petits exploitants agricoles et les personnes extrêmement pauvres. Un quart de la surface de la Terre a vu sa productivité réduite en raison de la dégradation des sols, ce qui affecte grandement la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.  

"Le bassin du Congo est un biome d'importance mondiale que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de perdre", déclare Doreen Lynn Robinson, responsable de la biodiversité et des terres au PNUE. "En s'attaquant aux facteurs fondamentaux de la déforestation et de la dégradation, tels que les pratiques agricoles non durables, ces projets contribueront grandement à améliorer la situation économique des femmes au Cameroun, tout en aidant à atténuer le changement climatique et à protéger la biodiversité." 

 
Pour en savoir plus sur le travail du PNUE avec le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) dans le domaine de la biodiversité et de la dégradation des sols, contactez johan.robinson[at]un.org

Journée mondiale de l'environnement 
La Journée mondiale de l'environnement, qui a lieu le 5 juin, est la plus grande journée internationale consacrée à l'environnement. Dirigée par le PNUE et organisée chaque année depuis 1973, cet événement est devenu la plus grande plateforme mondiale de sensibilisation à l'environnement, avec des millions de personnes du monde entier qui s'engagent à protéger la planète. Cette année, la Journée mondiale de l'environnement met l'accent sur la restauration des terres, la désertification et la résistance à la sécheresse. 

Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030 
La Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030, menée par le Programme des Nations unies pour l'environnement, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et leurs partenaires, couvre les écosystèmes terrestres, côtiers et marins. Appelant à l'action au niveau mondial, elle rassemblera le soutien politique, la recherche scientifique et les moyens financiers afin d'intensifier massivement la restauration des écosystèmes.