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08 Nov 2023 Communiqué de presse Climate Action

Les gouvernements prévoient de produire deux fois plus de combustibles fossiles en 2030 qu’imposé par la limite de réchauffement à 1,5°C

Stockholm, le 8 novembre 2023 - Selon un nouveau rapport publié aujourd'hui, les gouvernements prévoient de produire environ 110 % de combustibles fossiles en plus en 2030 que ce qui serait compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C, et 69 % de plus que ce qui serait compatible avec un réchauffement à 2 °C.

Bien que 151 gouvernements nationaux se soient engagés à réduire leurs émissions à zéro, les dernières prévisions indiquent que la demande mondiale de charbon, de pétrole et de gaz atteindra son point d’orgue au cours de cette décennie, même en l'absence de nouvelles politiques. Les plans des gouvernements combinés entraîneraient une augmentation de la production mondiale de charbon jusqu’en 2030, et de la production mondiale de pétrole et de gaz jusqu’en 2050 au moins, créant ainsi un écart entre les besoins et les perspectives en matière de production de combustibles fossiles qui ne cessera de se creuser au fil du temps.

Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :

  • Compte tenu des risques et des incertitudes liés au piégeage et au stockage du carbone et à l'élimination du dioxyde de carbone, les pays devraient viser une élimination presque totale de la production et de l'utilisation du charbon d'ici à 2040, et une réduction combinée de la production et de l'utilisation du pétrole et du gaz de trois quarts d'ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2020, au minimum.
  • Alors que 17 des 20 pays présentés se sont engagés à atteindre des émissions nettes nulles - et que nombre d'entre eux ont lancé des initiatives visant à réduire les émissions provenant des activités de production de combustibles fossiles - aucun ne s'est engagé à réduire la production de charbon, de pétrole et de gaz en vue de limiter le réchauffement à 1,5°C.
  • Les gouvernements qui ont une plus grande capacité à abandonner les combustibles fossiles devraient viser des réductions plus ambitieuses et aider à soutenir les processus de transition dans les pays disposant de ressources limitées.

Le rapport 2023 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de production des combustibles fossiles, « La grande contradiction : Les principaux producteurs de combustibles fossiles prévoient d'intensifier l'extraction malgré les promesses faites en matière de climat », produit par le Stockholm Environment Institute (SEI), Climate Analytics, E3G, l'Institut international du développement durable (IISD) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), évalue la production planifiée et projetée de charbon, de pétrole et de gaz par les gouvernements par rapport aux niveaux mondiaux compatibles avec l'objectif de température de l'Accord de Paris.

« Les gouvernements multiplient littéralement leur production de combustibles fossiles par deux, ce qui représente un double problème pour les populations et la planète », a déclaré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres. « Nous ne pouvons pas faire face à la catastrophe climatique sans nous attaquer à sa cause première : la dépendance aux combustibles fossiles. La COP28 doit envoyer un signal clair : l'ère des combustibles fossiles n’a plus d’énergie, sa fin est inévitable. Nous avons besoin d'engagements crédibles pour accroître les énergies renouvelables, éliminer progressivement les combustibles fossiles et renforcer l'efficacité énergétique, tout en garantissant une transition juste et équitable. »

Le mois de juillet 2023 a été le plus chaud jamais enregistré, et très probablement le plus chaud des 120 000 dernières années, selon les scientifiques. Partout dans le monde, des vagues de chaleur meurtrières, des sécheresses, des incendies de forêt, des tempêtes et des inondations coûtent des vies et des moyens de subsistance, ce qui montre clairement que le changement climatique induit par l'homme est bel et bien là. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone - dont près de 90 % proviennent des combustibles fossiles - ont atteint des niveaux record en 2021-2022.

  « Les projets des gouvernements visant à accroître la production de combustibles fossiles compromettent la transition énergétique nécessaire pour parvenir à des émissions nettes nulles et remettent en question l'avenir de l'humanité », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. « Alimenter les économies avec des énergies propres et efficaces est le seul moyen de mettre fin à la pauvreté énergétique et de réduire les émissions en même temps. »

« À partir de la COP28, les nations doivent s'unir derrière une élimination progressive, gérée et équitable, du charbon, du pétrole et du gaz, afin d'atténuer les turbulences à venir et de bénéficier à tous les habitants de la planète », a-t-elle ajouté.

Le rapport 2023 sur la production de combustible fossiles présente des profils nationaux nouvellement élargis pour 20 grands pays producteurs de combustibles fossiles : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Australie, Brésil, Canada, Chine, Colombie, Émirats arabes unis, États-Unis d'Amérique, Fédération de Russie, Inde, Indonésie, Kazakhstan, Koweït, Mexique, Nigeria, Norvège, Qatar et Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord. Ces profils montrent que la plupart de ces gouvernements continuent d'apporter un soutien politique et financier important à la production de combustibles fossiles.

« Nous constatons que de nombreux gouvernements promeuvent le gaz fossile comme un combustible essentiel pour la transition, mais ne prévoient apparemment pas de l'abandonner plus tard », explique Ploy Achakulwisut, l'un des principaux auteurs du rapport et scientifique du SEI. « Cependant, la science indique que nous devons commencer à réduire la production et l'utilisation du charbon, du pétrole et du gaz dès maintenant, tout en développant les énergies propres, en réduisant les émissions de méthane de toutes les sources et en prenant d'autres mesures climatiques, afin de maintenir l'objectif de 1,5 °C. »

Bien qu'ils soient à l'origine de la crise climatique, les combustibles fossiles sont restés largement absents des négociations internationales sur le climat jusqu'à ces dernières années. Lors de la COP26 qui s'est tenue fin 2021, les gouvernements se sont engagés à accélérer les efforts en vue de « l'arrêt progressif de la production d'électricité à partir du charbon et l'élimination progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles », mais ils n'ont pas convenu de s'attaquer à la production de tous les combustibles fossiles.

« La COP28 pourrait être le moment décisif où les gouvernements s'engagent enfin à éliminer progressivement tous les combustibles fossiles et reconnaissent le rôle que les producteurs doivent jouer pour faciliter une transition gérée et équitable », déclare Michael Lazarus, l'un des principaux auteurs du rapport et directeur du centre américain de l'Institut scientifique et technologique (SEI). « Les gouvernements qui ont les plus grandes capacités à abandonner la production de combustibles fossiles ont la plus grande responsabilité de le faire, tout en fournissant les financements et le soutien nécessaires pour aider les autres pays à faire de même ».

Plus de 80 chercheurs, originaires de plus de 30 pays, ont contribué à l'analyse et à l'examen, provenant de nombreuses universités, de groupes de réflexion et d'autres organismes de recherche.

Citations supplémentaires au sujet du rapport 2023 sur la production de combustible fossiles

« Les combustibles fossiles ne sont plus une solution miracle. Il faut que nous reléguions le charbon aux livres d'histoire avant la moitié du siècle et réduire la production de pétrole et de gaz d'au moins 75 %, ce qui nous mettra sur la voie d'une élimination complète des combustibles fossiles. Pourtant, malgré leurs promesses en matière de climat, les gouvernements prévoient d'injecter encore plus d'argent dans une industrie sale et moribonde, alors que les opportunités abondent dans un secteur de l'énergie propre florissant. En plus de la folie économique, il s'agit d'un désastre climatique que nous avons nous-mêmes provoqué. » - Neil Grant, analyste du climat et de l'énergie, Climate Analytics

« Bien que les gouvernements du monde entier se soient engagés à atteindre des objectifs ambitieux en matière d'émissions nettes zéro, la production mondiale de charbon, de pétrole et de gaz continue d'augmenter alors que les réductions prévues sont loin d'être suffisantes pour éviter les pires effets du changement climatique. Ce fossé grandissant entre les discours des gouvernements et leurs actions ne sape pas seulement leur autorité, mais accroît le risque pour l’humanité. Au cours de cette décennie, nous sommes déjà en passe de produire 460 % de plus de charbon, 82 % de plus de gaz et 29 % de plus de pétrole que ce qui serait nécessaire pour atteindre l'objectif d'un réchauffement limité à 1,5°C. Avant la COP28, les gouvernements doivent s'efforcer d'accroître considérablement la transparence sur la manière dont ils atteindront les objectifs en matière d'émissions et mettre en place des mesures juridiquement contraignantes pour soutenir ces objectifs. » - Angela Picciariello, chercheuse principale, IISD

« La demande de charbon, de pétrole et de gaz devant atteindre son apogée au cours de cette décennie, même en l'absence de politiques supplémentaires, il est clair que la nouvelle réalité économique devient celle d'une croissance des énergies propres et d'un déclin des combustibles fossiles. Pourtant, les gouvernements ne parviennent pas à planifier la réalité de l'inévitable transition énergétique. Continuer à investir dans la production de nouveaux combustibles fossiles alors que la demande mondiale de charbon, de pétrole et de gaz diminue est un pari économique à court terme pour tous les producteurs, sauf les moins chers. De plus, les dommages climatiques s'aggraveront encore si nous ne mettons pas fin dès maintenant à l'expansion des combustibles fossiles. Le moment est venu pour les gouvernements de prendre en main la transition vers les énergies propres et d'aligner leurs politiques sur la réalité de ce qui est nécessaire pour un monde sans danger pour le climat. » - Katrine Petersen, conseillère politique principale chez E3G

À l’attention des rédacteurs

À propos du rapport sur les écarts entre les besoins et les perspectives
Inspiré de la série de rapports sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière démission du PNU, et conçu comme une analyse complémentaire, ce rapport montre l'écart important entre la production de combustibles fossiles prévue par les pays et les niveaux de production mondiaux compatibles avec une limitation du réchauffement à 1,5°C et 2°C.

À propos de l'Institut de l'environnement de Stockholm
L'Institut de l'environnement de Stockholm est un institut de recherche international indépendant qui s'intéresse depuis plus d'un quart de siècle aux questions d'environnement et de développement aux niveaux local, national, régional et mondial. Le SEI soutient la prise de décision en faveur du développement durable en jetant un pont entre la science et la politique.

À propos de Climate Analytics

Climate Analytics est un institut mondial de science et de politique climatique engagé dans le monde entier pour conduire et soutenir une action climatique alignée sur la limite de 1,5°C de réchauffement. Nous faisons le lien entre la science et la politique afin de donner aux pays vulnérables les moyens de participer aux négociations internationales sur le climat et d'informer la planification nationale grâce à des recherches, des analyses et un soutien ciblés.

À propos d'E3G
E3G est un groupe de réflexion européen indépendant sur le changement climatique qui accélère la transition vers un monde sans danger pour le climat. E3G est composé de stratèges de premier plan au niveau mondial dans le domaine de l'économie politique du changement climatique, qui se consacrent à l'obtention d'un climat sûr pour tous. E3G crée des coalitions intersectorielles pour atteindre des résultats soigneusement définis, choisis pour leur capacité à susciter le changement. E3G travaille en étroite collaboration avec des partenaires partageant les mêmes idées au sein des gouvernements, de la politique, des entreprises, de la société civile, de la science, des médias, des fondations d'intérêt public et ailleurs. E3G rend possible ce qui est nécessaire.

À propos de l'Institut international du développement durable
L'Institut international du développement durable (IIDD) est un groupe de réflexion indépendant et primé qui défend des solutions fondées sur la recherche pour relever les plus grands défis environnementaux de la planète. Notre vision est celle d'un monde équilibré où les gens et la planète prospèrent ; notre mission est d'accélérer la transition mondiale vers une eau propre, des économies équitables et un climat stable. Avec des bureaux à Winnipeg, Genève, Ottawa et Toronto, notre travail a un impact sur la vie de près de 100 pays.

À propos du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE)
Le PNUE est le principal porte-parole mondial en matière d'environnement. L'organisation joue un rôle de chef de file et encourage les partenariats en faveur de la protection de l'environnement en inspirant, en informant et en permettant aux nations et aux peuples d'améliorer leur qualité de vie sans compromettre celle des générations futures.

Pour plus d'informations, veuillez contacter

Ulrika Lamberth, attachée de presse principale (Stockholm, Suède), et Lynsi Burton, chargée de communication (Seattle, États-Unis), Institut de l'environnement de Stockholm
Keisha Rukikaire, responsable de l'information et des médias, Programme des Nations unies pour l'environnement (Nairobi, Kenya)

Paul May, responsable de la communication, et Neil Grant, analyste du climat et de l'énergie, Climate Analytics (Berlin, Allemagne)

Aia Brnic, Senior Communication Officer, et Angela Picciariello, Senior Researcher, International Institute for Sustainable Development (Genève, Suisse)

Riya Amin, chargée de communication junior, E3G (Londres, Royaume-Uni)