03 Jan 2019 Récit Nature Action

La recherche de solutions pour l'extraction de sable durable a débuté

Même si la plupart d’entre nous ne le sait pas, le sable est, après l’air et l’eau, la troisième ressource la plus utilisée de la planète. Chaque logement, barrage, route, verre et téléphone portable en contient. Une ressource apparemment illimitée comme le sable ne peut pourtant pas satisfaire la demande actuelle.

« Le sable n'est pas illimité », affirme Kiran Pereira, fondateur, principal auteur du site internet SandStories.org et l'un des experts ayant participé à la toute première table ronde sur le sable, organisée par ONU Environnement, GRID (base de données sur les ressources mondiales) -Genève et l'Université de Genève qui a eu lieu en octobre dernier.

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Divers acteurs du secteur industriel, environnemental et universitaire se sont réunis à Genève le 11 octobre 2018 pour débattre de la question émergente de l'extraction du sable et des solutions permettant de réduire ses conséquences potentielles sur l'environnement. « Il est étonnant que ce problème reçoive si peu d'attention », déclare Bart Geenen, responsable du programme sur l'eau douce au Fonds mondial pour la nature (WWF) aux Pays-Bas.

Cinquante milliards de tonnes de sable et de gravier sont consommées chaque année dans le monde. Cela équivaut à un mur de 35 mètres de hauteur sur 35 mètres de large le long de l'équateur. La plupart du sable est utilisée pour la production de ciment pour le béton (composé de ciment, d'eau, de sable et de gravier). Le ciment, un élément clé du béton, le matériau de construction le plus largement utilisé dans le monde, est une source majeure de gaz à effet de serre et représente environ 8% des émissions de dioxyde de carbone, selon un récent rapport de Chatham House.

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Le sable est essentiellement constitué de minuscules grains de roche. Il sert également à reconstituer les plages qui se retirent et à étendre des territoires, en construisant par exemple des îles artificielles (comme Palm Islands et The World, à Dubaï) ou en renforçant les côtes (comme à Singapour). Le sable est extrait des rivières, des plages et du fond de l'océan. Le sable du désert, en raison de sa finesse, ne peut pas servir à la production du béton.

L’extraction de sable, si elle n'est pas gérée correctement dans les zones où les écosystèmes sont fragiles peut avoir des effets négatifs sur l’environnement. L'extraction de sable à partir d'une plage peut, par exemple, non seulement conduire à la destruction de la biodiversité locale, mais peut aussi réduire les possibilités de tourisme.

De plus, la demande énorme en sable peut entraîner l'extraction illégale de sable, elle devient en effet un problème dans de nombreux endroits. Les « mafias du sable » en Inde, par exemple, menacent les communautés locales et leurs moyens de subsistance, ainsi que l'environnement.

« Le sable est utilisé par tout le monde. Nous ne sommes pas ici pour mettre un frein au secteur, mais pour collaborer avec toutes les parties prenantes afin de trouver des solutions durables », a déclaré Pascal Peduzzi, directeur de GRID-Genève à ONU Environnement, qui a d'abord soulevé la question du sable dans un rapport daté de 2014 intitulé Sand, rarer than one thinks (en anglais).

Des solutions novatrices à l'essai

Cependant, des solutions novatrices sont en train d'être testées pour remplacer le sable dans la construction de routes et de bâtiments. Le plastique recyclé, la terre, le bambou, le bois, la paille et d’autres matériaux peuvent être utilisés comme matériaux de construction de remplacement. La clé semble être de mélanger d’autres matériaux avec le béton afin de donner au mélange la stabilité nécessaire au bâtiment.

Plusieurs pays ont déjà expérimenté les routes en composite de plastique. La première piste cyclable entièrement construite en plastique recyclé a été ouverte à Zwolle, aux Pays-Bas, en septembre 2018.

Le plastique recyclé pourrait devenir une alternative sérieuse au sable dans la construction de routes. On estime que les routes en plastique sont trois fois plus durables que les routes en asphalte traditionnelles. Cependant, elles sont encore en phase de test, car leur longévité et leurs conséquences sur l'environnement doivent encore être étudiés : de petites particules de plastique pourraient éventuellement s'infiltrer dans le sol et l'eau en cas de forte chaleur, d'usure et de ruissellement.

Bien qu'il n'y ait pas de solution miracle, la réunion organisée à Genève a permis de convenir qu'il était important de sensibiliser le public au fait que le sable n'est pas une ressource illimitée et que l'extraction du sable peut comporter des effets négatifs. Les bonnes pratiques doivent être partagées et le déficit de communication entre les décideurs et les consommateurs doit être comblé.

Le PNUE-GRID (base de données sur les ressources mondiales du Programme des Nations Unies pour l'environnement) collabore avec l'Université de Genève afin de sensibiliser le public. « Nous travaillons à la recherche de solutions novatrices pour encourager l'utilisation durable des ressources et nous menons des activités de sensibilisation significatives en parallèle », a déclaré Anna Cinelli de l'Université de Genève. Rebecca Jimenez, sa collègue, a ajouté : « En fin de compte, il s’agit de trouver des solutions durables, viables et acceptées par la société dans son ensemble. »

 

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Session de réflexion à l'Université de Genève : travailler avec les leaders de demain pour rechercher des solutions novatrices. Photo de Davide Fornacca.

La réunion tenue à Genève a permis de définir la voie à suivre, qui consiste à collecter davantage de données et à mettre en œuvre des politiques et des normes visant à protéger les écosystèmes fragiles contre l'extraction de sable illégale préjudiciable à l'environnement. Les conclusions de la réunion ont été que la recherche de solutions durables devrait commencer dès maintenant.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Janyl Moldalieva : zhanyl.moldalieva[at]un.org