16 Jan 2020 Récit Nature Action

Un concours de circonstances dramatique : quand le changement climatique alimente les feux de forêt, les vagues de chaleur marines et la…

2020 est une année cruciale pour les décideurs qui s'attaquent aux urgences en matière de biodiversité et de changement climatique, et pour l'humanité dans son ensemble. Nous devons prêter attention à l'effondrement de nos systèmes planétaires. L'année sera marquée par deux événements majeurs, appelés "conférences des parties", sur la biodiversité et le climat. La conférence sur la biodiversité permettra de convenir d'une nouvelle série d'objectifs pour la nature pour la prochaine décennie.

Une multitude de rapports scientifiques récents, et principalement le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) de 2019, affirment que les espèces disparaissent à un rythme sans précédent et que, malgré tous les efforts déployés, les températures mondiales augmentent. À l'aube de l'année 2020, les grands incendies de forêt dans des endroits comme l'Australie ont fait la une des journaux.

"Bien que les feux de forêt puissent être inhérents à certains écosystèmes, les changements climatiques induits par l'homme les rendent plus fréquents, plus importants et plus répandus. L'augmentation des feux de forêt a un double impact sur la biodiversité et le climat", affirme Pascal Peduzzi, directeur de la base de données des ressources mondiales du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à Genève et responsable du programme de la salle d'information sur l'environnement mondial du PNUE (World Environment Situation Room, en anglais).

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Incendie de forêt dans le district d'Almora, Uttarakhand, dans l'Himalaya indien, 2016. Photo : Wikimedia

Les feux de forêt sans précédent qui surviennent dans le sud-ouest de l'Australie, au cours d'un été qui enregistre des températures, des sécheresses et des vents violents records. Selon certaines estimations, plus d'un milliard (article en anglais) d'animaux ont été tués, et beaucoup ont été blessés et/ou ont manqué de nourriture et d'eau.

Un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de 2018 sur l'Australasie (rapport en anglais) affirme la chose suivante : "Le climat régional est en train de changer (degré de confiance très élevé). La région continue de montrer des tendances à long terme vers des températures plus élevées à la surface de l'air et de la mer, plus d'extrêmes chauds et moins d'extrêmes froids, et des modèles de précipitations modifiés. Au cours des 50 dernières années, l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre a contribué à la hausse de la température moyenne en Australie (degré de confiance élevé) et en Nouvelle-Zélande, et à la diminution des précipitations dans le sud-ouest de l'Australie (degré de confiance élevé)".

La crise climatique est là et s'aggrave. Le rapport 2019 du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions prévient que si les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne diminuent pas de 7,6 % chaque année entre 2020 et 2030, le monde manquera l'occasion d'être sur la voie de l'objectif d'une augmentation des températures moyennes mondiales limitée à 1,5 °C fixé par l'Accord de Paris.

L'Australie n'est pas le seul pays à avoir connu récemment de graves incendies de forêt. Ces dernières années, des feux de forêt généralisés se sont produits dans les forêts d'Indonésie, du Portugal, de Californie et même de l'Arctique.

"L'incidence des feux de forêt devraient augmenter dans de nombreuses régions du globe sous l'effet du changement climatique. La réduction des émissions de gaz à effet de serre liées aux forêts est essentielle pour atténuer les changements climatiques", affirme Johan Kieft, expert du PNUE en matière d'écosystèmes et de feux de forêt.

"Le secteur forestier offre un potentiel important d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre", ajoute-t-il.

Pour exploiter ce potentiel, les parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont élaboré l'approche de la réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD+) (en anglais), qui prévoit des mesures d'incitation pour réduire les émissions dues au déboisement et à la dégradation, gérer durablement les forêts et conserver et renforcer les stocks de carbone forestier.

"Les impacts des feux de forêt sur la modification du climat ont été largement négligés dans les négociations pour REDD+", explique Johan Kieft. "Ils sont le chaînon manquant dans les plans des pays pour freiner le réchauffement climatique. Ce que nous devons faire, c'est tenir compte de la gestion intégrée des incendies dans ces plans, comme dans les contributions déterminées au niveau national, énoncées dans la Convention."

La biodiversité terrestre mondiale est concentrée dans les forêts : elles abritent plus de 80 % de toutes les espèces terrestres d'animaux, de plantes et d'insectes. Ainsi, lorsque les forêts brûlent, la biodiversité dont l'homme dépend pour sa survie à long terme disparaît également pour toujours. Plus d'un million d'espèces sont menacées d'extinction si nous continuons à agir comme si de rien n'était : les phénomènes météorologiques comme les incendies ou les graves sécheresses comme celles qui sévissent au Zimbabwe, ou encore les vagues de chaleur marine qui provoquent une destruction massive des coraux, sont devenus un sujet de préoccupation croissante pour la survie des espèces.

 

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Les coraux abritent 25 % des espèces marines. Photo de l'Agence océanique - XL Catlin Seaview Survey, 2016

Les événements de blanchiment massif des récifs coralliens sont devenus cinq fois plus fréquents dans le monde au cours des 40 dernières années, selon de nouvelles recherches (article en anglais), le changement climatique jouant un rôle important dans cette augmentation.

"On estime que 50 % des coraux du monde sont morts au cours des 30 dernières années, et ce chiffre devrait atteindre 90 % si le réchauffement atteint 1,5 °C et 99 % s'il atteint 2 °C", affirme Gabriel Grimsditch, expert en coraux du PNUE.

"Le réchauffement induit par l'homme joue un rôle dans les feux de forêt australiens. C'est pourquoi des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre sont nécessaires si nous voulons réussir à contenir ou à prévenir les futurs feux de forêt extrêmes", explique Max Gomera, expert en biodiversité du PNUE.

"La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de novembre 2020 (en anglais) qui aura lieu à Glasgow est une occasion unique pour les dirigeants du monde de prendre position sur la crise du climat et de la nature", ajoute-t-il . 

La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030 (en anglais), menée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et des partenaires tels que l'initiative Africa Restoration 100, le Forum mondial des paysages et l'Union internationale pour la conservation de la nature, couvre les écosystèmes terrestres ainsi que côtiers et marins. Appel mondial à l'action, il rassemblera le soutien politique, la recherche scientifique et la puissance financière pour intensifier massivement la restauration. Aidez-nous à façonner la Décennie (en anglais).

Pour plus d'informations, veuillez contacter Lisa Rolls