29 Aug 2019 Récit Climate Action

L'initiative d'Aide au commerce peut offrir un espoir aux pays en développement confrontés à des chocs climatiques pour un avenir plus sûr

Lorsqu'Akilisi Pōhiva, Premier ministre des Tonga, a versé des larmes lors d’un sommet régional sur le changement climatique tenu en août, cela a mis en évidence l’angoisse des habitants du Pacifique aux prises avec la réalité du réchauffement climatique et de la hausse du niveau des mers.

Lors d'un séminaire des dirigeants au Forum des îles du Pacifique, Akilisi Pōhiva s'est mis à pleurer alors qu'il écoutait une présentation donnée par deux jeunes femmes sur leurs craintes pour l'avenir.

Les Tonga et d’autres États insulaires de l’océan Pacifique sont particulièrement vulnérables aux effets du réchauffement de la planète. L'élévation du niveau de la mer constitue une menace existentielle pour de nombreuses communautés alors que les économies de ces pays en développement sont fragiles et souvent peu préparées à faire face aux conséquences d'événements météorologiques extrêmes qui sont de plus en plus fréquents.

Cette fragilité est en partie imputable à leur géographie : l'éloignement des îles du Pacifique, la petite taille de leurs marchés et leurs ressources limitées contribuent à des coûts commerciaux élevés et à leur vulnérabilité aux chocs externes, tels que les catastrophes naturelles et les fluctuations des prix des produits de base.

Mais ces vulnérabilités ne sont pas nécessairement être catastrophiques. Le commerce peut jouer un rôle central dans la création de systèmes plus résilients en facilitant l’échange de biens, de services et de technologies conçus pour aider les pays à atténuer, à adapter et à renforcer la résilience aux chocs environnementaux et économiques.

Une étude récente (en anglais) menée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), ses partenaires de recherche et l'Union européenne a montré que l'intensification du commerce de technologies respectueuses de l'environnement, telles que les technologies de l'énergie renouvelable, des déchets et de la gestion de l'eau, peut jouer un rôle important dans la lutte contre le changement climatique et renforcer la résilience, tout en facilitant la transition vers des économies plus circulaires et plus vertes.

L’initiative d’Aide au commerce de l’Organisation mondiale du commerce est conçue pour aider les pays en développement à surmonter les contraintes liées au commerce et à s’intégrer au système commercial mondial : c'est un outil puissant pour aider les pays les plus pauvres du monde à atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU.

Aujourd’hui, de plus en plus de voix se font entendre pour que l’aide au commerce soit mise à profit pour aider les pays en développement à faire face aux défis posés par l’évolution du climat et pour se concentrer sur les domaines qui soutiennent mutuellement les objectifs environnementaux et économiques des pays.

« Les pays en développement sont confrontés au défi de la "double exposition" aux chocs économiques et aux défis environnementaux, exacerbés par le changement climatique », affirme Anja von Moltke, responsable de l'unité environnement et commerce au PNUE.

« L'intégration systématique des considérations environnementales dans les investissements de L’initiative d'Aide pour le commerce - représentant environ 30% du total de l'aide publique au développement - pourrait constituer un mécanisme efficace pour renforcer la résilience au changement climatique. Ceci est particulièrement important pour les petits États insulaires en développement extrêmement vulnérables aux effets du changement climatique », explique-t-elle.

Alors que le monde se trouve confronté à la réalité des changements climatiques rapides, les Nations Unies cherchent à établir un consensus mondial en faveur de politiques sociales, économiques et environnementales transformatrices pour la survie de la planète.

Le sommet pivot Action Climat qui se tiendra à New York le 23 septembre 2019 offrira aux États membres l'occasion de prendre des engagements concrets pour réduire les émissions afin de ralentir le réchauffement de la planète. Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré (en anglais) qu' « une action audacieuse et un niveau d'ambitions beaucoup plus élevés » seront nécessaires pour limiter les augmentations de température à 1,5 ° C et éviter les pires impacts du changement climatique.

Les « changements rapides et profonds » nécessaires pour mettre le monde sur la voie de la durabilité doivent également exploiter le pouvoir du commerce pour passer d'une économie mondiale polluante à une économie verte qui protège la planète, les emplois et les individus.

Pour les États insulaires du Pacifique, il n'y a pas de temps à perdre.

Le World Risk Report 2018 (en anglais) a attribué à Vanuatu la cote de risque de catastrophe la plus élevée, Les Tonga se classent à la deuxième place en raison de l’exposition des îles à des phénomènes naturels extrêmes, tels que des cyclones ou des tremblements de terre, et à l’élévation du niveau de la mer. Neuf États insulaires figurent parmi les 15 pays présentant le risque de catastrophe le plus élevé en raison de leur vulnérabilité aux inondations, aux cyclones et à l'élévation du niveau de la mer.

En 2015, le cyclone tropical Pam a dévasté Vanuatu, provoquant une chute de 64% (en anglais) du produit intérieur brut de l’île. Le cyclone a été suivi d'une grave sécheresse qui a affecté l'agriculture et le tourisme, deux secteurs d'exportation clés. Vanuatu subit également d'autres effets négatifs du changement climatique, notamment l'augmentation de la température de l'air, l'acidification de l'océan et le blanchiment des coraux.

Les investissements de l'initiative d'Aide pour le commerce dans les infrastructures durables, les énergies propres, l'agriculture intelligente face au climat et l'éco-tourisme, par exemple, peuvent aider les pays insulaires du Pacifique, comme le Vanuatu, à renforcer leur résilience tout en encourageant la diversification des exportations dans les secteurs verts et la création d'emplois verts. En effet, une étude récente du PNUE souligne que le commerce des technologies propres peut offrir des opportunités triplement gagnantes en favorisant le développement économique, la création d’emplois et l’innovation, tout en renforçant la résilience.

Le potentiel de l'initiative d'Aide pour le commerce a été mis en évidence lors de l'Examen global de l'Aide pour le commerce 2019 à l'Organisation mondiale du commerce en juillet, où le Programme des Nations Unies pour l'environnement et l'Union européenne ont organisé un événement (en anglais) pour discuter de l'Aide pour le commerce en tant que vecteur de la résilience au changement climatique.

« Au Programme des Nations Unies pour l'environnement, nous voyons un potentiel considérable pour que les communautés du commerce, du développement et de l'environnement collaborent plus étroitement dans la poursuite des objectifs de développement durable et de l'accord de Paris », a déclaré Steven Stone, chef de la branche ressources et marchés du PNUE.

« Des politiques cohérentes et des cadres d'investissement, le renforcement des capacités et des partenariats sont essentiels pour améliorer l'efficacité des échanges commerciaux pour les populations et la planète », a-t-il ajouté.

Les participants à la réunion ont été informés que le commerce peut aider à renforcer la résilience en améliorant l'accès à une gamme de technologies d'atténuation et d'adaptation ; libérer le commerce pour les entreprises vertes émergentes ; augmenter la disponibilité des services, améliorer des normes grâce à l'alignement sur les normes internationales ; réduire la vulnérabilité aux perturbations soudaines ou aux modifications des flux de ressources et diversifier l'économie.

Dans un rapport conjoint publié par le PNUE et l’Organisation mondiale du commerce et intitulé « Mettre le commerce au service de l’environnement, de la prospérité et de la résilience », l’initiative d'Aide pour le commerce est présentée comme un outil important pour promouvoir la résilience et garantir que le commerce contribue à la durabilité et à la prospérité. Le Programme des Nations Unies pour l'environnement et l'Organisation mondiale du commerce continuent, en partenariat, à explorer des moyens novateurs d'utiliser le commerce pour renforcer mutuellement les économies et les environnements, notamment au moyen de l'Aide pour le commerce.

Alors que les États insulaires du Pacifique comptent parmi les plus vulnérables, aucun pays n'est à l'abri de catastrophes naturelles plus fréquentes et dévastatrices. L'année dernière, les catastrophes naturelles ont été responsables de 160 milliards de dollars des États-Unis de dégâts et fait un peu plus de 10 000 victimes. En 2017, le coût était encore plus élevé, atteignant 350 milliards de dollars des États-Unis, en raison d'une saison des ouragans violent dans l'Atlantique.

Les pays africains sont également exposés, certains font en effet face à une augmentation potentielle de la température allant de 3 ° C à 4 ° C d'ici la fin du siècle. En Afrique de l’Ouest, par exemple, le recours à des activités sensibles au climat telles que l’agriculture pluviale, l’élevage, la pêche et la foresterie accroît l’exposition des pays aux variations climatiques extrêmes.